Fenêtre météo acceptable, mais pas idyllique ! Départ 7h,
sous la pluie, avec une houle venant en
travers du bateau d'une hauteur de 1m à 1m50. La visibilité est exécrable, la
pluie est froide (et certains osent appeler ça de la plaisance) !
Au milieu de l’après-midi,
la pluie s'arrête net, le soleil
vient, la houle s'atténue et …..
Brève réjouissance…
Le vent a tourné de 180°en 15 secondes,
ramenant avec lui des gros nuages lourds chargés d’humidité. Et puis sa copine la houle débarque elle
aussi, tranquillement, grossissant a vu
d’œil, prenant de plus en plus de hauteur au fil des quarts d'heure pour
atteindre les 2m environ (on s'en doutait la météo l'avait prévu).
Le bateau a été
balancé de droite à gauche continuellement transformant l’intérieur en
véritable capharnaüm. Le moindre
déplacement se calcule, à l'image d'un alpiniste cherchant ses prises, une boite de conserve mal arrimée s’est mise à
voler, frôlant les moustaches du pauvre chat!
La nuit tombe.
Certaines vagues sont d'une hauteur impressionnante par
rapport à la moyenne (de jour, vous les
voyez arriver, mais de nuit....elles viennent en traître s'écraser sur la
coque créant une belle gerbe d'eau vous
trempant au passage !)
Pour éviter d’avoir les yeux rivés sur le compas, on aligne une étoile avec un point du bateau et
au fur à mesure que l’on avance, on change d’étoile.
Les quarts sont pris chaque deux heures (2 heures de repos,
2 heures sur le pont). Avant de prendre son quart, on fait le point pour savoir
où on en est.
Il fait terriblement froid au mois de mars en pleine milieu
de la méditerranée ! Le sommeil est impossible.
Et au loin, une lumière pas plus grosse qu'une tête
d'allumette apparait ; puis une autre et une autre ; et cela grossit
petit à petit… . Le jour se lève, c'est une ombre à présent, qui s'étale. Plus on approche, plus l’ile se découvre. Au fur et à mesure, sa
silhouette imposante nous laisse deviner ses reliefs, la couleur de ses roches… Elle n’arrêtera pas
de grossir tout doucement au rythme où
l’on avance. Ca sent bon l'arrivée !
Dans 3h on y sera !
Mais soudain le vent change brutalement de direction nous
obligeant à partir au près pour suivre notre cap laissant l’ile sur bâbord…
Epuisé, trempé, il faut régler le bateau, lâcher des ris, border les voiles. Le bateau
se met à giter, il fend les vagues avec
finesse, mais au bout de quelques dizaines de minutes déjà le doute s'installe :
je n’ai pas l’impression d'avancer. Après deux heures, lors du point, le constat
est déprimant : 2 miles nautiques effectués (pour cause les vagues et le courant de
face !), alors que depuis le début de la traversée nous avançons de 11 miles
en deux heures en moyenne.
Nous avons choisi de nous rabattre sur un petit port situé
sous notre vent : Cargèse! (Qui connaît Cargèse ??). Nous écartant de plus de 15 miles de notre destination,
l'approche demande beaucoup de concentration.
Des récifs abrupts, avec du ressac et certains rochers traîtres à fleur d'eau traînent dans le coin. On approche à tâtons,
on scrute l’horizon à la jumelle, les
yeux brûlés par l'eau salée, on a froid,
on est fatigué, la carte marine que nous possédons est une carte dite routière de l'année 1848 (oui, oui) qui couvre de
Marseille à Ajaccio, donc peu précise pour les petits détails.
On entre dans la baie, les premières odeurs de l’île nous parviennent,
le village à notre bâbord se réveille tout doucement (oh, c’est dimanche !!).
On descend, on refait
un point, le crayon a disparu, il a volé
à l’autre bout du bateau (5 bonnes minutes pour le retrouver). Le point enfin
fait, juste le temps de sortir la tête et d'annoncer d'un ton serein et plein
de fierté « Le rocher doit être au
75°à 1 mile », qu’un rayon de soleil transperce l'épaisse couche nuageuse éclairant
comme part un don divin le fameux rocher.
Il est 8h30, on se présente
devant l’entrée du port, on aligne le phare tribord avec l’église, on s'avance
tout doucement, des chevaux pâturent non
loin du port, les cloches de l’église retentissent…
On s'amarre, on descend à terre, on s'allonge sur le quai, on éclate de
rire : « On est en corse ! »
Et là, croyez-le ou non,
un pêcheur s'approche doucement, tout doucement, me regarde et me tend son téléphone : « Monsieuuuurrrr, téléphooone pour vouuus ! »
Très bon tout ça! Vraiment très bon! là, vous l'avez mérité, la corse. Trop pur. Vraiment, puis j'aime comme c'est écrit. moi j'y crois au pécheur! La suite!
RépondreSupprimeroh j'adore! BRAVO! et c'est trop bien ecrit, j'ai l'impression d'etre avec vous! MERCI! Juliette
RépondreSupprimerSuper,en Franche comté C'est la neige et la glace, grâce à vous j'ai un petit bout de méditerrané j'ai même le gout du sel.
RépondreSupprimerJ'adooooooore vous lire ! La suite ! la suite ! xxxxxx
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